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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 22 septembre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Notre collègue Jérôme Cahuzac a dit avec beaucoup de talent tout le mal qu'il y avait à penser de ce projet de loi. Nos collègues de l'UMP et du NC ont sans doute compris que les salariés avaient peu à attendre de ce texte qui ne comporte aucune nouveauté et ne leur laisse aucun espoir de vivre un peu mieux au lendemain de son adoption.

Le pouvoir d'achat des salariés ne peut s'apprécier raisonnablement que sous l'angle du salaire, aspect que ce projet de loi n'aborde bien évidemment pas puisqu'il s'agit toujours de rechercher de nouveaux stratagèmes afin d'éviter d'augmenter salaires et pensions. Mais n'oublions jamais que le salaire est la contrepartie normale d'un travail rendu. Que cela vous plaise ou non, le salarié n'est pas sur un pied d'égalité avec l'employeur et l'est encore moins avec les actionnaires quand il y en a. Imaginons dans quel rapport il se trouve face aux fonds de pensions qui dévorent les emplois, précipitent la fermeture des entreprises et alimentent les bas salaires et une précarité accrue.

C'est également dans un contexte financier et bancaire fou, tant au plan national qu'international, que nous discutons de ce petit texte consacré au pouvoir d'achat des salariés. Cette période a de quoi nous faire tourner la tête : la presse parle de milliers de milliards d'euros envolés en quelques jours ! Je ne sais pas, chers collègues, si vous mesurez l'ampleur du gâchis planétaire que nous avons sous les yeux. Pour les salariés, il se soldera par les traditionnelles suppressions d'emplois, dans la finance mais aussi dans l'industrie. Et ce ne sont pas les rodomontades du Président de la République prononcées lors de ses visites à Arcelor-Mittal ou Alstom contre un patronat dont il prétend combattre les objectifs qui y changeront quoi que soit.

Les salariés ont cruellement besoin de quelques euros supplémentaires ; les capitaines de la finance et de l'industrie, eux, ont vu leurs émoluments augmenter de 40 % en 2007, avec des gains se chiffrant en milliards d'euros, alors qu'ils ont entraîné leurs sociétés dans la tourmente, licencié à tour de bras, délocalisé dans la zone dollar et dans les pays à faible coût de main-d'oeuvre. Une règle semble s'être imposée : les bénéfices sont privatisés et les pertes socialisées.

En 2007, selon les chiffres de la DARES, la perte de pouvoir d'achat des salariés a représenté 4 % et a été encore plus importante pour les retraités et les demandeurs d'emploi.

La question incontournable du pouvoir d'achat, vous tentez sans cesse de l'éviter, vous contentant d'y répondre par des gestes de propagande, ce qui conduit à des dérives extrêmement préoccupantes pour les salariés.

Quatorze mois après, quel impact a eu la loi TEPA sur le pouvoir d'achat des salariés ? Eh bien, c'est un drame pour des millions d'entre eux mais un cadeau palpable pour quelques dizaines de milliers d'autres, avec 14 milliards d'économies fiscales dont l'essentiel a permis de satisfaire les plus nantis de notre pays : bouclier fiscal, exonération des successions et minoration de l'ISF.

Monsieur le ministre, nous le voyons bien : texte après texte, vous essayez de bidouiller un système à bout de souffle. Rien ne vient. Ne reste plus que la propagande et, pour reprendre une expression célèbre du président Chirac, cela fait souvent « pschitt ! ». L'adoption de ce texte ne changera strictement rien pour les millions de nos concitoyens qui ne vivent que des revenus de leur travail. C'est pourquoi nous voterons la question préalable.

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