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Intervention de Axel Poniatowski

Réunion du 17 mars 2009 à 15h00
Débat et vote sur la déclaration du gouvernement relative à la politique étrangère

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAxel Poniatowski, président de la commission des affaires étrangères :

Les raisons de la rupture voulue par le Général en 1966 ne sont plus d'actualité aujourd'hui, nous le savons bien. La France ne participera pas au groupe des plans nucléaires ; il n'est pas question d'envisager la réouverture de bases américaines en France ni de tolérer la remise en question de notre souveraineté dans notre espace aérien. Par ailleurs, les forces européennes ne sont plus intégrées sous commandement américain depuis longtemps.

Le retour complet de la France dans l'OTAN est donc le résultat logique d'un long processus. En 1983, le président Mitterrand se prononce courageusement en faveur de l'accueil des missiles Pershing américains en Allemagne, en précisant : « Les régions entières de l'Europe ne doivent pas être dépourvues de parade face à des armes nucléaires dirigées contre elles. Je constate que les pacifistes sont à l'Ouest et les euromissiles à l'Est ». En 1989, le mur de Berlin s'effondre et, avec lui, c'est la menace soviétique qui disparaît. Le monde a changé, le monde d'aujourd'hui n'est plus celui de 1966, notre relation à l'OTAN a évolué en quarante-trois ans, et l'OTAN elle-même a profondément changé.

L'OTAN n'est plus dirigée par un duopole américano-britannique. Quant aux opérations militaires de l'OTAN, il n'est pas inutile de rappeler qu'elles sont toutes postérieures à 1989 et qu'elles ont toutes été réalisées, à une exception près, sous mandat de l'ONU.

Cela a été successivement l'Adriatique en 1992, pour contrôler l'embargo sur les armes imposé par l'ONU à la Yougoslavie ; la Bosnie-Herzégovine, de 1995 à 2004, pour faire cesser le conflit ; l'Albanie, en 1999, pour une opération humanitaire au profit des réfugiés kosovars ; le Kosovo, à partir de 1999, pour mettre fin à ces crimes contre l'humanité perpétrés par le pouvoir serbe et certains de ses généraux ; puis, la Macédoine en 2001 pour stabiliser et sécuriser le pays. Enfin, l'Afghanistan a, à partir de 2003, constitué la première intervention de l'OTAN hors du cadre euro-atlantique avec une participation de trente-sept pays et avec la mission d'étendre l'autorité du pouvoir central afghan et de faciliter la reconstruction du pays, ce qui reste une tâche difficile.

Depuis 1995, la France s'est sérieusement rapprochée de l'OTAN puisqu'elle a participé à chacune de ses opérations militaires. Elle a aussi réintégré trente-huit des quarante agences ou comités dédiés au soutien du commandement politique et militaire de l'OTAN. Elle est également un acteur à part entière de la Force de réaction rapide avec les états-majors de Lille, Toulon et Taverny, pour chacune de ses composantes.

En fait, il convient de distinguer la réalité de nos intérêts et le symbole qu'ils suscitent. La réalité, c'est que nous avons aujourd'hui toutes les charges et responsabilités d'un pays membre à part entière sans peser de toute notre influence, sans faire valoir nos idées et nos conceptions, puisque nous sommes absents du comité des plans et du commandement intégré.

Mais surtout, le fait marquant de cette réintégration complète sera la confiance rétablie avec l'ensemble de nos partenaires européens qui nous soupçonnent continuellement d'un « agenda caché », à savoir de vouloir créer une structure concurrente à celle de l'OTAN. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SRC.)

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