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Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 7 avril 2008 à 16h00
Organismes génétiquement modifiés — Reprise de la discussion, amendements 227 245

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

Je tiens, dans la même veine, à souligner que ces deux amendements identiques visent véritablement à donner du sens non seulement à l'action du législateur mais également à celle du comité scientifique et à ses avis. En effet, à quoi sert la science si on ne lui donne pas du sens ? Si on regarde les deux ou trois millénaires passés, on comprend ce qu'a été l'apport de la philosophie dans l'évolution de l'humanité. Dans la mesure où la philosophie est une science, les philosophes devraient sinon avoir une part sinon prépondérante, du moins se trouver aux côtés des scientifiques. Se priver de leurs interrogations, de leur pensée, c'est-à-dire de leur éclairage, serait une erreur. Pour en revenir plus précisément aux OGM, nos interrogations et nos calculs en la matière ont pour seul objectif de déterminer ce qu'ils sont susceptibles d'apporter aujourd'hui à l'humanité. Les biotechnologies lui apporteront évidemment un jour quelque chose, mais aujourd'hui, sur le sujet précis des OGM, si nos interrogations sont aussi nombreuses, c'est que nous sentons bien que leur apport ne va pas nécessairement dans le sens du progrès. Est-ce un progrès, par exemple, de faire des semences du monde entier la possession de quelques multinationales ? Je ne le crois pas. Les paysans d'Amérique du Sud se font ainsi pirater les semences qu'ils utilisent depuis des siècles et se retrouvent dans l'obligation de les acheter ou, ce qui revient au même, de payer des royalties aux multinationales !

Les philosophes peuvent, me semble-t-il, nous aider à définir le champ de nos interrogations. Jusqu'où, de même, ira-t-on dans les manipulations génétiques, non seulement dans le domaine végétal, mais également dans le domaine animal ? On peut, là encore, s'interroger. On parle aujourd'hui de saumons qui seraient cinq fois plus gros que la normale. Un jour produira-t-on des vaches aussi grosses que des éléphants ? Je le répète : nous avons le droit de nous interroger. C'est pourquoi, sans revenir à la célèbre maxime de Rabelais, « science sans conscience n'est que ruine de l'âme », il convient toutefois de garder à l'esprit que tout progrès scientifique n'est valable que s'il est associé à un progrès humain, sans quoi il perd tout son sens. Or ce sont aux philosophes sinon d'apporter les réponses, du moins de poser les questions nous permettant de faire des choix qui ont du sens.

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