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Intervention de Jean-Marie Le Guen

Réunion du 3 octobre 2007 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marie Le Guen :

Monsieur le président, monsieur le ministre d'État, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, j'insisterai, après bien d'autres, sur l'importance des questions de santé, si fortement liées à celles de l'environnement. Toutes les études scientifiques internationales le montrent : notre santé est déterminée pour 20 % par l'environnement et pour 20 % par des données biologiques, alors que ce que l'on tient, surtout en France, pour le plus important – l'offre de soins – ne contribue que pour 10 % à l'améliorer.

C'est dire que le lien entre santé et environnement est essentiel. Plusieurs orateurs ayant déjà abordé ce sujet, j'irai à l'essentiel. Pour ma part, je soutiens les six principes édictés par le groupe 3 « Santé et environnement ». Je regrette cependant que les problèmes de l'environnement et de la santé ne soient pas abordés de manière localisée. Il va de soi que nous sommes tous concernés, comme piétons ou comme consommateurs de produits. Mais, à l'évidence, c'est surtout au travail que se joue notre santé. Or il reste beaucoup à faire, en France, dans ce domaine.

Les responsabilités doivent être clarifiées. Puisqu'il s'agit de santé, devoir régalien, l'État se doit d'intervenir et ne peut déléguer sans cesse à d'autres l'essentiel de responsabilités qu'il lui appartient d'assumer. Les liens entre les différents outils dont il dispose, en termes d'alerte, de veille ou d'épidémiologie, doivent être renforcés par un rapprochement entre les instances chargées de la santé au travail et celles qui sont chargées de la santé dans l'environnement. Tel est le premier point que je tenais à souligner.

Si les produits phytosanitaires peuvent être dangereux pour le consommateur, ils le sont d'abord pour les agriculteurs, les exploitants agricoles ou les salariés de l'agriculture, de l'industrie ou de la distribution. Ainsi, les éthers de glycol peuvent évidemment menacer la santé de tous les consommateurs, mais les premiers touchés sont ceux qui travaillent quotidiennement à leur contact. Il faut donc savoir graduer nos interventions. La santé au travail doit faire l'objet d'une nouvelle approche, pour toutes sortes des raisons, mais aussi pour que nos concitoyens aient envie de travailler plus longtemps, et qu'ils aient la possibilité physique de le faire.

J'en viens au second thème de mon intervention, qui, à mon sens, est mal ou insuffisamment traité dans le Grenelle de l'environnement : l'alimentation. La réflexion sur l'agriculture nous a permis de progresser, de souligner toutes les modifications survenues dans notre environnement physique, notamment dans les sols, et de mettre l'accent sur la protection de la sécurité sanitaire du consommateur. Nous avons avancé dans ce domaine et nous continuerons à le faire. Mais la question fondamentale de l'alimentation a été négligée.

Il s'agit, pour l'homme, d'un facteur environnemental, et l'on a trop peu réfléchi aux moyens d'offrir aux consommateurs des produits agricoles qui ménagent leur sécurité sanitaire et leur goût de la diversité. Les fruits et les légumes doivent faire partie de notre alimentation, ce qui appelle une réflexion de la part du Gouvernement. N'oublions pas cet aspect, au moment où nous allons à nouveau discuter de la politique agricole, sous les coups de boutoir des problématiques de l'environnement. Notre agriculture doit être capable de fournir des produits accessibles à tous nos concitoyens, ce qui pose le problème de leur prix, de leur commercialisation et de leur distribution, qui sont au coeur de l'alimentation.

Chacun le sait : le PNSS, le plan national nutrition santé, a beaucoup insisté sur ce point. Il est essentiel que nos concitoyens mangent des fruits et des légumes, pour prévenir non seulement l'obésité, mais aussi les maladies cardiovasculaires et les cancers. Cette dimension environnementale n'a pas suffisamment été prise en compte. Au moment où, non sans quelques précautions, on s'apprête à bousculer notre agriculture, il est important de souligner qu'elle doit fournir une alimentation qui, par sa qualité et sa diversité, garantisse la santé de nos concitoyens. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

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