Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de François de Rugy

Réunion du 3 octobre 2007 à 15h00
Grenelle de l'environnement — Déclaration du gouvernement et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Cela a incontestablement affaibli la portée de certaines propositions qui ne sont pas à la hauteur d'une grande ambition écologique. Autre faiblesse : le temps a manqué pour de vraies négociations qui engageraient tous les partenaires, ayant par définition des intérêts divergents. Je prendrai un seul exemple : à propos du péage kilométrique pour les camions, nous avons dû en rester à un constat de désaccord.

Mais je voudrais vous interpeller, monsieur le ministre, sur ce qui me paraît être la principale question de ce Grenelle : quelle sera la cohérence entre les actions proposées, qui sont intéressantes, et le reste de la politique de votre gouvernement ?

Vous le savez, monsieur le ministre, nous prenons ce Grenelle au sérieux. C'est pour cela que nous vous avions invité à Nantes pour notre journée parlementaire. Je ne vous le cache pas, les premières réponses que vous avez apportées à nos interrogations ne nous ont pas totalement convaincus. Les propos que j'ai entendus dans la bouche du président de l'UMP et de membres du Nouveau Centre contre les premières mesures proposées ne peuvent que nous inquiéter davantage. J'ai de plus en plus l'impression qu'il n'y a aucune trace de gènes verts dans l'ADN de l'UMP !

J'ai aussi entendu des arguments incroyables – M. Dionis du Séjour nous a quittés, je crois – à propos de l'objectif pourtant bien modeste de 20 % d'aliments « bio » dans les cantines. Le conservatisme reprend déjà le dessus, alors que nous avons là, au-delà des grands principes, le meilleur exemple de convergence entre intérêts des producteurs, à qui l'on garantit des débouchés, et intérêts des consommateurs, à qui l'on garantit de la qualité, sans parler de ceux de la collectivité, qui pourrait en attendre une amélioration de la qualité de l'eau.

Quel sera l'effet concret des déclarations d'intention du Grenelle si, dans le même temps, les autres ministères – et je regrette que M. Barnier ait dû partir – poursuivent les mêmes politiques et si le Président de la République continue de défendre urbi et orbi l'énergie nucléaire, qui produit les pires déchets qui puissent exister car, à la différence des déchets ménagers, ils ne peuvent être traités ? Comment vouloir, d'un côté, restaurer la qualité de l'eau et, de l'autre, subventionner largement la production intensive d'agro-carburants ? Je pourrai multiplier les exemples.

Par ailleurs, comment atteindre les objectifs du Grenelle en matière de transports si on n'opère pas un changement radical de priorités en matière de projets d'infrastructures en mettant un terme aux chantiers incompatibles avec la lutte contre l'effet de serre et en dégageant des moyens pour d'autres politiques utiles ?

Prenons l'exemple des transports urbains. Dans les préconisations du Grenelle, il est indiqué qu'il faudrait doubler les réseaux de tramways et de bus dans les villes. Mais vous savez comme moi, monsieur le ministre, vous qui avez lancé un tel projet à Valenciennes, que nous sommes sans cesse obligés de retarder ces travaux, faute de moyens. N'ayez pas peur, n'en restez pas au catéchisme de la fiscalité constante : donnez des moyens d'agir aux collectivités locales, à défaut de leur octroyer des budgets. C'est une question essentielle car rien ne se fera en matière d'écologie sans les collectivités locales. Certaines, je crois pouvoir le dire, sont déjà des références en la matière.

Plutôt que de phosphorer, comme le fait le Grenelle, sur les péages urbains, dont tout le monde sait bien qu'il s'agit d'une mesure injuste socialement, rejetée par nos concitoyens, généralisez des mesures simples comme le versement « transports ».

Pour nous, le Grenelle doit être le point de départ d'une rupture en matière de politique écologique pour mettre en oeuvre un nouveau mode de développement réellement durable. Et pour cela, on ne peut pas utiliser les recettes du passé. Les nouveaux modes de production et de consommation apporteront davantage de qualité de vie à nos concitoyens, dégageront de nouvelles marges de pouvoir d'achat – en faisant baisser les factures de chômage notamment – et créeront de nouveaux emplois durables et non délocalisables dans l'agriculture, dans le bâtiment, dans les éco-industries.

Monsieur le ministre, n'écoutez pas les frileux et les conservateurs de votre majorité qui voudraient continuer comme avant. N'ayez pas peur, les Français sont prêts pour le changement. Ils en sont même demandeurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion