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Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 11 décembre 2008 à 21h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Rappel au règlement, amendements 609 608 607 606 605 604 603 602 601 600 732

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche :

La suppression de la publicité sur France Télévisions après vingt heures est un sujet de première importance. S'il fallait qualifier cette décision que le Président de la République a pris seul dans son coin – même s'il a été inspiré par quelques esprits intéressés –, je dirais, après plusieurs de mes collègues, qu'elle est anachronique.

Elle se veut moderne pourtant. On ne sait si c'est en vertu d'une supposée qualité inhérente à l'audiovisuel public. Or, nous le répétons : nous avons à travers le monde d'excellentes télévisions avec de la publicité et de très mauvaises télévisions sans publicité. Si nous voulons avoir une vision quelque peu renouvelée de la télévision publique comme privée, si nous considérons ce qui se passe vraiment dans les étranges lucarnes, nous savons bien aujourd'hui que la dictature de l'audimat a un sens très relatif.

En effet, dans leur consommation d'images et de sons, nos concitoyens ont déjà depuis un certain temps fait le choix de la diversité quant aux canaux de diffusion. S'il y a une chute d'audience des chaînes généralistes, et notamment des chaînes généralistes privées dites historiques, c'est tout simplement parce que se sont développées les chaînes de la TNT qui connaissent un succès progressif en termes d'audience et parce que nos concitoyens vont consommer de plus en plus d'images et de sons sur Internet.

Le paysage audiovisuel français est par conséquent en complet bouleversement. Or lire la réalité à travers votre prisme, qui est presque un tropisme, ou tout du moins la voir à travers cette lunette que vous tenez à l'envers, vous conduit à revenir à je ne sais quel âge d'or datant sans doute des années 60 ou 70, et vous pousse à prendre cette décision anachronique.

Cette décision est de surcroît anti-économique par excellence, surtout si l'on considère qu'elle a été prise dans un contexte où la crise financière et la récession ne faisaient pas la une de l'actualité. Qu'en dire, donc, au moment où nous en débattons au Parlement ? Les 56 % de Français qui refusent cette réforme – et 14 % sont sans opinion – estiment que les priorités budgétaires de la puissance publique doivent avant tout viser à la satisfaction de tant de besoins ô combien primordiaux ! Or, paradoxe étonnant, les ressources publicitaires ne gênaient personne !

En outre, tout le monde comprend que l'alignement de la redevance – évoquée déjà cet après-midi lors de l'examen de la loi de finances rectificative – au niveau allemand ou britannique, ou même sur une moyenne européenne, serait ressenti par nos concitoyens comme une atteinte à leur pouvoir d'achat.

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