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Intervention de François Bayrou

Réunion du 24 octobre 2007 à 9h30
Pluralisme et indépendance des partis politiques — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Bayrou :

Je vais le prouver, si vous le voulez bien.

On est dès lors en droit de s'interroger, allais-je dire, sur le sens de la démocratie et du pluralisme. Car, vous l'admettrez aisément, manquer de respect aux électeurs au point que l'on multiplie les candidatures absolument artificielles, sans aucun lien avec la circonscription où elles sont présentées, quel crédit et quelle cohérence cela a-t-il aux yeux des électeurs ? Je veux vous rappeler que, dans la longue liste des candidatures – elles étaient quatre-vingt-cinq – que ce mouvement a présentées, on trouvait pêle-mêle épouse, frère, neveu, nièce, collaborateur parlementaire, secrétaire, attaché de presse, chef de cabinet, webmestre et chauffeur d'une seule personne, ce qui constituait leur seul lien, leur seul point commun.

Si cela avait été le désir profond de ces personnes de s'engager dans la vie politique, de défendre des idées, alors, naturellement, cela aurait pu être respectable. Il arrive que l'inspiration puisse passer aussi par le cercle familial. Mais nous savons tous que toutes ces personnes, présentées de manière factice, n'avaient jamais mis les pieds dans leurs circonscriptions, au point d'ignorer où elles se trouvaient et quels étaient les autres candidats qui s'y présentaient, comme cela a été abondamment prouvé par un grand nombre d'interviews désopilantes, publiées dans la presse locale, des candidats artificiels et de pacotille qui étaient ainsi présentés.

Eh bien, les électeurs ne se sont pas laissés prendre à cette tromperie, et ils ont sèchement rejeté ces candidatures factices, de sorte que plus de la moitié de ces candidats artificiels ont obtenu moins de 1 % des voix. C'était la sanction que le corps électoral réservait à une telle conception de l'action politique et électorale.

Ce n'est pas notre conception du pluralisme. Ce n'est pas notre conception de la démocratie et du vote. C'est un manque de respect, et c'est une conception bien singulière de l'engagement politique et électoral. On a voulu tromper les Français en leur présentant des candidats factices, n'ayant ni connaissance ni désir de s'investir dans la circonscription où ils avaient été envoyés en mission dans le seul et unique dessein – car il y en avait pas d'autres – de récupérer la manne financière qui est aujourd'hui convoitée ici. La sanction que les électeurs ont infligée à ces candidatures, c'est une sanction qui a du sens. Et c'est en partie à la lumière du sens que les électeurs ont donné à leur vote, et à leur refus de vote, que nous devons examiner ce texte.

Le fond de la proposition de loi qui nous est présentée, c'est de changer une loi sage, qui avait été longuement débattue dans cet hémicycle, au bénéfice d'un seul parti et sans mesurer exactement les conséquences que ce vote pourrait avoir.

Nous ne pouvons pas accepter une proposition de loi de circonstance, à usage unique, pour le bien-être d'un seul groupement, et qui ignore, ou oublie, l'intérêt général.

Cette loi, choquante sur le plan des principes, l'est également du point de vue juridique, et les arguments ne manqueront pas…

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